Jean-Luc Godard
Combien y a-t-il de Godard(s) ? Celui de la Nouvelle Vague et des années 1960, le Godard
« culte » d’À bout de souffle et de Pierrot le fou ? Celui qui offrit à Belmondo et à Bardot leurs plus beaux rôles ? Celui du Mépris, film que les anti-Godard encensent pour rejeter le reste ? Ou le militant maoïste de l’après 68, dont on a rétendu qu’il avait abandonné le cinéma ? Ou celui qu’on a vu dans les années 1980 à la élévision ou à Cannes, paradoxal et provocateur. Ou l’auteur de Prénom Carmen, Je vous salue, Marie, Passion, Nouvelle Vague, et les monumentales Histoire(s) du Cinéma : des films exigeants, donc mal aimés, où la beauté la plus fulgurante surgit des réflexions les plus profondes.
Il n’y a pas qu’un seul Godard, volontaire, déterminé, obstiné, bâtissant film après film une des oeuvres phares du cinéma mondial. Il est cinéaste comme Picasso est artiste : le cinéma l’habite. Godard, c’est le cinéma.
— François Nemer, Godard (Le cinéma), coll. Découvertes, Gallimard, 2006.