Deux ou trois choses que je sais d’elle
1h27, France, 1967
avec Marina Vlady, Anny Duperey
Dans le paysage gris et bétonné de la banlieue parisienne habite Juliette Janson, une jeune mère au foyer. Seule son amie Marianne, coiffeuse, connaît son secret. En effet, l’après-midi, lorsque son mari travaille et que son fils Christophe est à l’école, Juliette se prostitue pour arrondir ses fins de mois.
Godard ne filme pas ce qui sépare un homme d’une femme mais ce qui sépare la femme d’elle-même, et les obstacles sont trop lourds pour qu’il se montre optimiste. Guidé par une splendide intuition, il semble suggérer que suivre vingt-quatre heures de la vie d’une femme est le meilleur moyen de fondre deux questions en une : « qu’est-ce qu’une femme ? » égale « qu’est-ce que c’est la France ? ». C’est celle, pop et étouffée d’objets, de Deux ou trois choses que je sais d’elle où la ménagère et la prostituée formulent les deux faces métaphoriques d’une même condition féminine sous l’ère capitaliste.
Aucun autre film n’a aussi bien saisi la femme au milieu des choses, et les choses autour de la femme (bâtiments, publicités, marques, vêtements, meubles) qui finissent par entrer dans son paysage intérieur. C’est l’idée, dit Godard, que pour vivre dans la société parisienne d’aujourd’hui, on est forcé, à quelque niveau que ce soit, à quelque échelon que ce soit, de se prostituer d’une manière ou d’une autre, ou encore de vivre selon les lois qui rappellent celles de la prostitution.
— Murielle Joudet, Cahiers du Cinéma
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