Pierrot le fou
1h55, France, Italie, 1965
avec Jean-Paul Belmondo, Anna Karina, Dirk Sanders
Ferdinand, marié à une femme riche, s’ennuie. Au cours d’une soirée, il rencontre Marianne, une étudiante qu’il a connue cinq ans auparavant. Délaissant son épouse, il s’entiche de la belle et s’installe avec elle. Mêlée à des affaires louches, Marianne contraint le couple à entrer dans la clandestinité…
Solitude, fatigue, ratage, trahison, chagrin, intermittence du cœur, suicide. Le fond est cafardeux. La forme, elle, est affamée. C’est une boulimie d’art : BD, romans américains, série noire, musique symphonique, twist, chansonnette, peinture espagnole, pop art, lettrisme, architecture, poésie, mode, pub : vingt ans avant le sampling, Godard pratique l’accumulation, le court-circuit, le collage, le recyclage. Il est jeune, dingue amoureux des hanches d’Anna, il fonce vers l’absolu, emprunte, donne énormément. Du Technicolor, de la Côte d’Azur, de l’action, de l’amour, de la haine, en veux-tu, en voilà. Le cinéma ? De l’émotion. C’est l’ami Samuel Fuller qui le dit...
Pierrot le fou est le plus romantique et le plus romanesque des films de Godard. Entre éloge et fracture, enthousiasme et dérision, l’auteur balance, mais c’est le lyrisme – mélancolique – qui l’emporte. Parce que l’art sert à passionner le désert de la vie, Ferdinand et Marianne s’imaginent en personnages – elle persiste à l’appeler Pierrot –, jouent à s’aimer, s’aiment vraiment, s’ennuient, se perdent de vue et se retrouvent, hélas trop tard. Le hurlement de désespoir de Belmondo – la poignée de secondes la plus viscéralement tragique de sa carrière ? – fait mal. Aussi mal que, dans la vraie vie, l’éloignement de Karina qui abandonne son pygmalion.
— Jacques Morice, Télérama
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