Quentin Tarantino
Quentin Tarantino est le cinéaste le plus célèbre au monde – quel autre pourrait se vanter d’être une star ? On sait à quoi il doit d’abord ce statut : à la brillance de ses dialogues et à l’abondance de ses clins d’œil cinéphiles. Chaque fois qu’un artiste atteint un tel degré de célébrité, on peut pourtant être sûr que, d’un autre point de vue, il demeure méconnu. C’est inévitable. Chacun est trop habitué à reconnaître chez lui certains traits pour que d’autres ne passent pas inaperçus. Tarantino est ainsi : il reste à redécouvrir, sinon à découvrir. C’est l’idée de ce cycle.
Considérons-le comme une expérience consistant à revoir quelques-uns de ses films ainsi qu’au premier jour, c’est-à-dire en laissant de côté ce qui brille, soit le verbe et les citations. Que voit-on alors ? Des événements étranges et impossibles, à la lisière du fantastique et de la métempsycose. Des choses propres à nous bouleverser et non seulement à nous distraire. Des personnages qui meurent, puis ressuscitent avant de remourir parfois. D’autres qui naissent tard, à l’âge où l’on tire sa révérence. D’autres encore qui passent par mille apparences et, semble-t-il, mille existences. Toute une variété de destins et d’avatars. Un art de l’incarnation et de la réincarnation. Ici un miracle, là une résurrection. Et partout des dédoublements : corps et âme, cinéma et vie, réalité et projection. De Pulp Fiction à Once Upon a Time… in Hollywood, de Kill Bill à Django Unchained, Tarantino ne se contente pas de reprendre au cinéma des figures existant déjà. Ses personnages, il les crée. Il leur donne vie, les fait mourir et les fait vivre encore. Là se situe son génie, au sens propre.
Emmanuel Burdeau