Los Lobos (Les Loups)

Max, 8 ans et Leo, 5 ans quittent le Mexique pour les États-Unis avec leur mère Lucia à la recherche d’une meilleure vie. En attendant le retour de leur mère, qui travaille sans relâche, Max et Leo observent leur nouveau quartier par la fenêtre et apprennent l’anglais sur des cassettes. C’est la condition imposée par leur mère s’ils souhaitent qu’elle les emmène un jour à Disneyland. 

L’innocence face à l’âpreté de l’immigration. Avec Los Lobos aucun misérabilisme, loin de là, une simple fresque aussi désarmante que sensible. Samuel Kishi Leopo construit avec peu, comme ces deux frangins de 8 et 5 ans dessinant les murs d’un petit appartement dénué de meubles, sans âme, proche de l’insalubrité. Une magie s’opère et prend forme, des dessins qui évoquent le chemin vers la fracture culturelle, le choc pour des enfants déracinés et sans figure paternelle. Une mère qui se tue à la tâche et des enfants projetés dans la solitude, sans contact avec d’autres enfants pour jouer. Cette expérience d’immigration à travers le prisme d’enfants délaissés est une réussite de sincérité incarnée par deux gosses fatigués par les interdits et l’attente insoutenable pour leur jeune âge. « We want to go Disney, can I have a ticket, please? » doivent-ils apprendre pour oser espérer cette virée à Disney. De la modestie du film dégorge une empathie, un regard aimant sur une femme qui culpabilise « d’abandonner » ses enfants. Sans artifice et efficace.
Sven Papaux, Cineman