Araña (La Toile de l’araignée)

En 1973, Inés et Justo, un couple de jeunes bourgeois d’extrême droite, participent à un mouvement radical, noyauté par la CIA, qui cherche à déstabiliser Salvador Allende. Ils se lient avec Gerardo, d’origine plus modeste… Aujourd’hui, les liens troubles qui les avaient unis se sont défaits. Allende est mort depuis quarante ans, renversé par Augusto Pinochet, et la démocratie est revenue au Chili… Vraiment ? Inés et Justo, devenus des notables, voient ressurgir un Gerardo marginalisé, ouvertement haineux et criminel… 

Andrés Wood (réalisateur, entre autres, de Mon ami Machuca, qui mêlait déjà le politique et l’intime autour du coup d’État du 11 septembre 1973) confronte passé et présent avec une élégance acérée, et démontre, à travers le destin de ses personnages, la sombre continuité de l’histoire. L’arrogante Inés, femme d’affaires, pilier de la haute société, représente à elle seule le déni de mémoire d’un pays dont l’élite compromise est restée au pouvoir d’un régime à l’autre. Quant à Gerardo, bombe de rage xénophobe et de frustration, il incarne le retour d’une violence populiste que l’on croyait maîtrisée. Tout sauf un fantôme : un cauchemar bien vivant, qui dépasse, et de loin, les frontières du Chili. 
Cécile Mury, Télérama