Le vent nous emportera
Abbas Kiarostami – 1h58, Iran, 1999
Avec Noghre Asadi, Roushan Karam Elmi, Bahman Ghobadi
Des hommes arrivent en voiture de Téhéran dans le petit village de Siah Dareh, perdu dans le Kurdistan iranien, soi-disant pour y chercher un trésor. Ils rencontrent un enfant qui leur servira de guide, auquel ils demandent régulièrement des nouvelles d’une vieille dame. Pourquoi sont-ils venus de si loin ? Trouveront-ils ce qu’ils cherchent ? Combien de temps leur faudra-t-il attendre ?
« Est-ce que je suis bon ou mauvais ? » demande l’adulte à l’enfant. Réponse : « Tu n’es pas mauvais, tu es occupé. » Venu filmer l’agonie d’une vieille autochtone dans ce petit village perché, le citadin sans états d’âme et très pro, évident double du cinéaste, se laissera finalement traverser par ce monde coupé du monde. D’un tel sujet, potentiellement édifiant, Abbas Kiarostami tire un film sensuel et espiègle. Tandis qu’une agitation à suspens semble désigner la mort comme le point de fuite du récit, le film amorce délicatement un mouvement contraire, d’ouverture et de réchauffement. De petites révélations en instants majeurs, le mensonge inaugural de l’homme pressé, « nous sommes venus chercher un trésor », annonce une vérité, fût-ce au sens figuré: Le vent nous emportera devient un loge impromptu du temps à perdre, un manifeste épicurien, comme une version lumineuse du Goût de la cerise.
Louis Guichard, Télérama
Dans ce cycle
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ImageDu 12 au 18 octobreAbbas Kiarostami – 1h34, Iran, 2002
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ImageDu 9 au 12 octobreAbbas Kiarostami – 1h39, Iran, 1997
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ImageLe 18 octobreAvec Massoumeh Lahidji