John Ford
Étalée sur cinq décennies, l'œuvre de John Ford est un monument aux entrées multiples, une cathédrale aux travées innombrables. Aussi, face à elle, a-t-on le sentiment qu’il serait non seulement impossible d’en venir à bout, mais aussi incongru de prétendre lui donner un sens à la fois définitif et global. Le cinéma de John Ford échappe à toute réduction idéologique. C’est sans doute en raison de cela qu’on a souvent voulu ou pu coller à l’auteur de La Chevauchée fantastique toute sorte d’étiquettes faciles, en faire l’incarnation, à chaque fois idéale, d’hétérogènes catégories cinématographiques ou morales, variables selon les périodes de sa carrière : réalisateur de films de prestige à Oscars, maître du western, progressiste rooseveltien, militariste conservateur, grand classique ou moderne brechtien. Chacun son Ford, serait-il possible de décréter, tant l’intérêt pour son oeuvre s’est scindé au cours de son histoire en jugements antinomiques. On peut aimer les films de John Ford pour des raisons diamétralement opposées et sans doute, à chaque fois pourrait-on se voir reprocher de ne se contenter que de la vision partielle et amputée d’une totalité insaisissable. L’être de son art se cache dans la contradiction.
– Jean François Rauger, La Cinémathèque française
Avec la participation des spectateurs du café-ciné.