Tenet

Muni d’un seul mot – Tenet – et décidé à se battre pour sauver le monde, notre protagoniste sillonne l’univers crépusculaire de l’espionnage international. Sa mission le projettera dans une dimension qui dépasse le temps. Pourtant, il ne s’agit pas d’un voyage dans le temps, mais d’un renversement temporel… 

Tenet rassemble tous les éléments du thriller d’anticipation tout en gardant une pâte, inédite, à la James Bond. Ou comme si Nolan avait voulu réaliser son épisode de la saga Mission : Impossible en gardant cet aspect sensoriel qui lui sied si bien. Fonctionnant sur le principe un peu tarabiscoté du palindrome (Tenet est un mot qui se lit dans les deux sens, la trame est dans la même dynamique), le film ressemble au fantasme ultime de Nolan. Le renversement temporel, plus présent dans la seconde partie, pourra laisser à la fois dubitatif et admiratif, mais sera avant tout le prétexte parfait pour déployer tout ce qui fait la sève du réalisateur. C’est-à-dire du grand spectacle et une mise en scène vertigineuse et cérébrale. (…) Rafraîchissant mais épuisant, impressionnant mais aussi frustrant, sous certains aspects (d’autant plus quand on ne comprend pas tous les ressorts du renversement temporel), Tenet nous donne du fil à retordre. En somme, les spectateurs s’accordent au moins sur un point : le film est une expérience qui embrasse tout ce que le cinéma peut nous offrir de meilleur. Il est né pour le grand écran. (…) C’est une autre des grandeurs indéniables de ce cinéaste : celle de réinventer l’art du blockbuster, mais surtout provoquer le débat et ne jamais, jamais faire l’unanimité.

Samuel Regnard, Rolling Stone