Nudo Mixteco
Ángeles Cruz – 1h31, Mexique, 2021
Avec Sonia Couoh, Noé Hernández, Myriam Bravo
Trois histoires s’entrecroisent à la fête patronale de San Mateo, village mixtèque de la région d’Oaxaca, trois femmes font le choix de l’émancipation. María, revenue au village pour enterrer sa mère, renoue avec Piedad, son amour de jeunesse. Chabela fait face au retour d’Esteban, son ancien époux, furieux de voir qu’elle a refait sa vie sans lui. Toña revit un traumatisme lié à son enfance qu’elle décide de ne plus taire. À leur manière, ces trois femmes vont tenter de s’affranchir des pratiques patriarcales et des traditions dans une société mexicaine en pleine mutation.
Tourné dans son village natal, au plus proche de sa population, le premier long métrage de la réalisatrice est autant une déclaration d’amour à ses racines qu’un hommage à toutes ces femmes qui, au Mexique comme partout ailleurs, arrachent leur émancipation à force de lutter en permanence dans un quotidien dominé par la loi des hommes. Ce trio d’héroïnes aussi merveilleuses dans leur pugnacité que gracieuses dans leur vulnérabilité est porté par des actrices solaires. Proche d’une caméra documentaire, l’œil d’Ángeles Cruz filme sans artifices mais avec une pudeur touchante ces trois parcours qui s’entremêlent en une journée durant. Si la réappropriation de leur place dans la communauté s’opère par des personnages de fiction, la communauté mixtèque de San Mateo est bien réelle. Baigné dans sa lumière naturelle, et comme niché au creux des magnifiques paysages de la vallée d’Oaxaca, le village se dévoile avec ses véritables habitants. On découvre alors un système -d’autogestion étonnant, où les assemblées publiques requérant la présence et le vote de tous, mettent à nu des vérités que l’on pourrait croire tues dans un microcosme aussi attaché aux valeurs traditionnelles. Fort d’une écriture à la fois sensible et maîtrisée, film choral autant qu’acte militant, Nudo Mixteco ouvre à son spectateur les portes d’une expérience unique en son genre, d’une- -sincérité portée par la générosité d’une communauté acceptant de se mettre à nu tout en confrontant son espace temporel et moral propre à celui des révolutions féministes.
Élodie Martin, Le Bleu du miroir
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