Ma nuit chez Maud

Deux hommes, un marxiste et un ingénieur catholique, se retrouvent lors d’une soirée chez Maud et parlent philosophie. L’ingénieur est contraint de passer la nuit chez la jeune femme.

Clermont-Ferrand sous la neige, et Marie-Christine Barrault dont les yeux brillent à la messe de Noël. Françoise Fabian, qui se laisse aller au cœur de la nuit. Antoine Vitez improvisant une relecture marxiste du pari de Pascal… Ces images et ces mots sont devenus célèbres, mais ils reviennent de loin. D’un court texte écrit en 1944, et où dans les parages de la Rue Monge (le premier titre), un garçon espionnait les allées et venues d’une inconnue. Devenue par la suite La Fille à bicyclette dans une version intermédiaire du scénario, conçu par Rohmer comme le troisième de ses Contes moraux. Le tournage n’aura pourtant lieu qu’après celui de La Collectionneuse. Le temps que François Truffaut réunisse les producteurs, prêts à soutenir ce projet. Le temps, également, que soit disponible Jean-Louis Trintignant à qui Rohmer tient à confier le rôle principal. Le succès public et critique de Ma nuit chez Maud devra beaucoup à ses interprètes. Et sans doute à une nostalgie du frisson religieux, en marge des convulsions de mai 68.
Noël Herpe