Le Conformiste
Bernardo Bertolucci – 1h51, Italie, 1969
avec Jean-Louis Trintignant, Dominique Sanda, Stefania Sandrelli
Depuis son enfance, Marcello est hanté par le meurtre d’un homosexuel qu’il croit avoir commis. En quête obsessionnelle de rachat, il s’efforce de rentrer dans le rang. Il épouse Giulia, une jeune bourgeoise naïve. Fasciste par conformisme, il est envoyé par les services secrets de Mussolini en mission en France pour approcher et supprimer son ancien professeur de philosophie en exil qui lutte au sein d’un groupe de résistance antifasciste. À Paris, Marcello rencontre le professeur en compagnie de sa séduisante femme Anna, du même âge que Giulia.
C’est certainement avec Le Conformiste que Bertolucci a atteint sa plénitude. Adaptateur de Moravia, il a offert de son roman une transcription cinématographique dont la beauté plastique est d’une incontestable séduction. Reconstitution des années 30, en Italie et en France, souci du détail dans les décors et les costumes, utilisation de la lumière… On songe à Visconti d’autant que cet esthétisme renvoie à une analyse psychologique extrêmement prenante. Marcello – qu’interprète admirablement Jean-Louis Trintignant – n’est pas un monstre. C’est un être inquiet, ambigu, obsédé qui, dans sa volonté de se comporter comme tout le monde se laisse récupérer par l’idéologie dominante du pays où il vit. Il devient donc fasciste et son « conformisme » le pousse jusqu’à la complicité dans un assassinat politique. Par son épaisseur romanesque, le ton personnel qui transparaît à travers l’intrigue, Le Conformiste est mieux qu’une adaptation réussie de Moravia, qu’une imitation de Visconti. C’est le film d’un malaise. Il reste ouvert sur des questions essentielles.
Jacques Siclier, Télérama
Également dans ce cycle
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