Une journée particulière

Mai 1938, tout Rome célèbre la visite officielle d’Hitler. Contrainte de rester chez elle, l’épouse d’un militant fasciste fait la rencontre d’un voisin, un intellectuel homosexuel menacé de déportation. Portrait de deux êtres abandonnés, magistralement interprétés, qui parviennent à voler quelques instants de bonheur aux heures les plus sombres de l’Histoire.

Ce qu’a fait Scola est d’une réelle originalité et n’a jamais été tenté dans le cinéma italien qui a, pourtant, souvent pris pour thème Mussolini et les années fascistes. Scola dénude l’oppression, l’humiliation, dans lesquelles la morale sexuelle du régime tenait à la fois la femme et tout individu qui ne voulait pas se plier au modèle masculin officiel. […] Et c’est le machisme dont le fascisme avait fait une sorte de religion et une contrainte sociale que Scola, avec vigueur, isole dans son climat historique. L’homosexuel, qui ne peut être « ni mari, ni père, ni soldat », révèle à Antonietta Tiberi sa vraie servitude. Sophia Loren et Marcello Mastroianni apparaissent d’autant plus authentiques que leurs personnages de stars humiliées apportent au public un plus grand poids d’émotion.
Jacques Siclier, Le Monde