Tralala
Jean-Marie et Arnaud Larrieu – 2h, France
avec Mathieu Amalric, Mélanie Thierry, Maïwenn, Josiane Balasko, Bertrand Belin
Tralala, la quarantaine, chanteur dans les rues de Paris, croise un soir une jeune femme qui lui adresse un seul message avant de disparaître : « Surtout ne soyez pas vous-même ». Il quitte la capitale et finit par retrouver à Lourdes celle dont il est déjà amoureux. Elle ne se souvient plus de lui. Mais une émouvante sexagénaire croit reconnaître en Tralala son propre fils, Pat, disparu vingt ans avant aux États-Unis. Tralala décide d’endosser le rôle. Il va se découvrir une nouvelle famille et trouver le génie qu’il n’a jamais eu.
Depuis une vingtaine d’années, les frères Larrieu filment l’amour (et un peu la mort) entre vallées fleuries, buissons de trivialité et pics métaphysiques. Après avoir parcouru les sentiers de la comédie du remariage (Un homme, un vrai), du thriller (L’Amour est un crime parfait) et du porno verbal (21 nuits avec Pattie), voici, pour leur septième long métrage, qu’ils explorent, avec délice, ceux de la comédie musicale. Le titre, si guilleret, atteste, d’emblée, que la partition sera pimpante, mais cette histoire de revenant s’impose, aussi, comme leur meilleure comédie humaine, où il suffit d’un malentendu pour que l’espoir renaisse. Josiane Balasko n’avait jamais autant ému et étonné qu’avec le costume lamé or de cette mère disco qui veut croire au retour de l’enfant prodigue. Mélanie Thierry, sublime, chante du Jeanne Cherhal, demoiselle de Lourdes et non plus de Rochefort, pour s’extasier sur un homme qui l’a fait « jouir trois fois ». Maïwenn, elle, irradie de nostalgie grâce à la pop douce d’Étienne Daho. Révélation du film, le chanteur Bertrand Belin impose son charisme d’acteur, en grand frère mélancolique au coeur de rocker. La comédie musicale en Technicolor à la Vincente Minnelli, le romanesque provincial de Jacques Demy et, surtout, la « nouvelle scène française », dont les meilleurs représentants ont écrit et composé les chansons du film : les frères Larrieu embrassent leurs amours plurielles avec entrain et volupté. Avec ce Tralala d’une foi insolente dans les bienfaits du cinéma, les Larrieu pourraient bien avoir écrit leur « Cantique des cantiques ».
Guillemette Odicino, Télérama
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