Soy libre
Laure Portier – 1h18, France, 2021
avec Arnaud Gomez, Jacqueline Puygrenier
Arnaud, c’est mon petit frère. Un jour, je me suis rendu compte qu’il était déjà grand. Il est né là où on ne choisit pas et cherche ce qu’il aurait dû être. Libre.
C’est un vieux cliché du cinéma documentaire : la première loi du documentariste, c’est de s’effacer, se faire oublier du sujet filmé, ne pas parler bien sûr, et même ne jamais intervenir d’une quelconque manière que ce soit, afin de ne pas risquer de perturber le déroulement supposément “naturel” des choses. Mais Laure Portier filme son frère, et c’est peut-être ce qui la pousse à autant participer, puisqu’après tout, avec un frère, on se chamaille, c’est une loi bien plus vieille encore.
Cette énergie conflictuelle s’imprime à tout Soy libre, film sur un frère, mais tout autant sur une sœur qui tente de l’attraper. Arnaud est sans cadre : après une adolescence marquée par un abandon paternel, puis par des séjours en prison pour mineurs et en foyer, il partage désormais sa vie entre menus larcins et tentatives de fuite – à Alicante où il rêve d’un nouveau départ mais tombera dans la mendicité et dormira dans la rue, puis au Pérou, où il échappera de plus en plus aux radars –. De plus en plus, Laure Portier le laisse marcher au loin, sans trop lui coller aux basques. Arnaud est libre, ou cherche à l’être, c’est le titre du film dans la langue de ses pays d’adoption ; mais Soy libre, sans romantisme factice, est surtout un film sur le prix de cette liberté, à savoir la solitude.
Théo Ribeton, Les Inrocks
Dans le cycle En marge
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ImageDu 10 au 13 juinAlexandre Koberidze – 2h31, Géorgie, 2022
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ImageDu 7 au 12 juinPhilippe Lacôte – 1h33, Côte d’Ivoire, 2021