La Nuit des rois
Philippe Lacôte – 1h33, Côte d’Ivoire, 2021
avec Koné Bakary, Steve Tientcheu, Rasmané Ouédraogo
La MACA d’Abidjan, l’une des prisons les plus surpeuplées d’Afrique de l’Ouest. Vieillissant et malade, Barbe Noire est un caïd de plus en plus contesté. Pour conserver son pouvoir, il renoue avec le rituel de « Roman », qui consiste à obliger un prisonnier à raconter des histoires durant toute une nuit.
L’atmosphère est grasse, lourde et poisseuse. Elle colle à la peau, dérange et interroge. Chaque minute pèse, un peu plus lourde que la précédente, sur le sort de la MACA. Au milieu d’une nuit qui paraît sans fin, la voix du « Roman » mène la danse. Ce prisonnier, condamné à raconter une histoire à un public de voyous, porte d’une gorge rauque la fièvre d’un homme qui risque sa vie. La loi de la MACA ne l’épargnera pas, alors son histoire doit durer. Toute la nuit, jusqu’à l’aube, il doit raconter. Avec Run et L’Âme du Tigre, Philippe Lacôte annonçait déjà une carrière passionnante, faite de films profondément singuliers, proposant au spectateur des voyages inoubliables.
La Nuit des rois s’inscrit dans la continuité de cette promesse. La mise en scène est belle à couper le souffle. L’image transpire dans la chaleur de cette nuit sans fin, de cette tension menaçante. Les acteurs, pour la plupart novices à l’écran, habitent d’une présence ardente ce conte de Mille et Une Nuits, porteur de tant de secrets. Le récit du « Roman » est coupé d’épisodes obsédants de danse et de chant. Le film respire avec une -poésie infinie, qui n’est en rien entravée par le lieu tragique où il se déroule.
C’est grandiose, tout simplement.
Garance Nicpoń, Maze
Dans le cycle En marge
-
ImageDu 7 au 14 juinLaure Portier – 1h18, France, 2021
-
ImageDu 10 au 13 juinAlexandre Koberidze – 2h31, Géorgie, 2022