Raging Bull

Jake LaMotta est âgé d’à peine vingt ans lorsqu’il se lance dans la boxe. Managé par son frère Joey, il s’entraîne comme un forcené et réussit à s’imposer dans le milieu. En parallèle, Jake divorce de sa première épouse pour se remarier avec la pulpeuse Vickie, convoitée par tous les mafieux du quartier. Alors qu’il vient de connaître son heure de gloire en remportant le titre de champion du monde poids moyen, Jake plonge à cause d’un match truqué. Alcool, problèmes de poids, paranoïa, la descente aux enfers commence.

[Le film] impressionne par son rythme entêtant (alternance de scènes de combats et de scènes intimistes), et surtout par les cassures qui lui sont imposées, les changements de ton, de style qui interviennent tout du long. La brève période d’ascension harmonieuse de Jake LaMotta, qui correspond aux toutes premières années de son mariage avec la jeune et belle Vickie, est traitée par un montage de photos et de films de famille en super-8 – seules images en couleur du film (...) Étalée sur plus de vingt ans, l’action se concentre sur quelques moments forts, des scènes où l’intensité explose en une phrase, un geste, qui condensent seuls l’équivalent de dizaines de pages de récit. Alternant envolées lyriques et ellipses narratives qui assèchent sa matière, portant sur son personnage un regard froid, mais empathique, Scorsese évite le pathos autant que la simplicité, et prouve que le cinéma a décidément beaucoup à voir avec la musique.
Isabelle Regnier, Le Monde