Only Lovers Left Alive
2h03, Royaume-Uni / Allemagne, 2014
avec Tom Hiddleston, Tilda Swinton, Mia Wasikowska
Dans les villes romantiques et désolées que sont Détroit et Tanger, Adam, un musicien underground, profondément déprimé par la tournure qu’ont prise les activités humaines, retrouve Eve, son amante, une femme endurante et énigma- tique. Leur histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante qu’incontrôlable. Ces deux êtres en marge, sages mais fragiles, peuvent-ils continuer à survivre dans un monde moderne qui s’effondre autour d’eux ?
C’est peu dire qu’Only Lovers Left Alive n’est pas un film de vampires. Jarmusch désactive toutes les conventions du genre : pas de traque, pas de suspense, (quasiment) pas de meurtres. Le vampire ne l’intéresse pas du tout comme prédateur – donc potentiel héros de film d’action – mais comme immortel – donc spectateur de ce temps immobile qu’est l’éternité. [...] Le sujet du film, c’est la lassitude d’exister, l’harassement d’être au monde, ce sentiment si pesant que tout le sable est au fond du sablier sans pouvoir trouver en soi la force pour le retourner. N’y a-t-il rien de plus décourageant finalement que de ne cesser de se survivre à soi-même ? De façon tout à fait inattendue, ce film humoristiquement dépressif se suspend sur une folle remontée du désir. Il suffit d’un corps (deux en l’occurrence) pour stimuler une grosse remontée désirante. Il suffit d’une canine pour que la vie s’écoule à nouveau en soi. Il suffisait d’une bonne métaphore (ces vampires-dandys sublimes) pour que Jarmusch livre son film le plus séduisant et intime.
Jean-Marc Lalanne, Les Inrocks
À découvrir dans ce cycle
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ImageDu 13 au 18 octobre2h01, États-Unis / Allemagne / Japon, 1995
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ImageDu 14 au 21 octobre1h56, États-Unis, 1999