La Bataille d'Alger

Début 1957, la 10^e division parachutiste du général Massu se vit confier la mission de s’installer dans Alger et de mettre fin par tous les moyens au terrorisme urbain. Tenus de se substituer à la police, les paras livrèrent ce qu’on allait appeler la « bataille d’Alger ». Affranchis des règlements, ils démantelèrent en quelques mois tous les réseaux, rendant la paix à Alger. Pour obtenir si vite un tel résultat, ils durent parfois se salir les mains.

Gillo Pontecorvo tourne La Bataille d’Alger en 1965, soit trois ans après l’indépendance de l’Algérie. S’inspirant du récit du chef du FLN, Yacef Saâdi, qui incarne ici son propre rôle, il reconstitue avec une précision documentaire la lutte entre les parachutistes du général Massu et les commandos du FLN. Cherchant à être au plus près de la vérité, Pontecorvo engage techniciens et acteurs non professionnels parmi les habitants de la Casbah, fiers de rejouer leur histoire. La Bataille d’Alger remporte le Lion d’or à Venise et devient un modèle pour les peuples révoltés à travers le monde. Au moment de la guerre en Irak, en 2003, l’armée américaine en fait même un objet d’étude. En France, le film, jugé partisan (il révèle la pratique de la torture par l’armée française), est d’abord censuré, puis retiré de l’affiche quand, en 1981, les cinémas qui le diffusent sont attaqués. Il ne sortira qu’en 2004.
Martin Drouot pour Images de la culture