Jungle rouge
Juan José Lozano & Zoltán Horváth – 1h32, Colombie, Suisse, 2022
avec Álvaro Bayona, Vera Mercado, Patricia Tamayo
Mars 2008. Dans la jungle colombienne, la plus vieille guérilla communiste au monde vit ses derniers instants. Raul Reyes, no 2 des Farc, est tué dans un bombardement par l’armée colombienne et la CIA. Il laisse derrière lui un document inouï :
dix ans de correspondance où se croisent tous les acteurs du conflit, témoignage d’une lutte acharnée pour la révolution.
Dans Jungle rouge, sorti en salles trois jours après la victoire du social-démocrate Gustavo Petro à l’élection présidentielle en Colombie, le cinéaste Juan José Lozano utilise l’animation pour évoquer les Farc. Une guérilla marxiste qui a combattu l’État et entretenu la violence politique du pays pendant cinquante ans. Fondée sur des archives inédites, cette œuvre déroutante nous offre un voyage dans une autre « jungle », celle des pensées, des calculs politiques et des hantises de l’auteur des e-mails, un Raúl Reyes à mi-chemin entre le personnage historique et l’anti-héros réinventé, entre ferveur idéologique et folie paranoïaque. Cette étrange hybridation définit le film tout entier, qui superpose à une base documentaire solide des éléments fictionnels, visions cauchemardesques ou conversations intimes. Esthétiquement, les réalisateurs font le même pari audacieux : tourné avec des acteurs, le film est retravaillé en animation. Sur fond de forêts vibrantes, cette fusion de l’art et du réel tend à rappeler que toute évocation historique est un palimpseste, une vérité qui affleure et insiste sous une couche d’imaginaire.
Cécile Mury, Télérama
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