Down by Law
1h47, États-Unis / RFA, 1986
avec Tom Waits, John Lurie, Roberto Benigni
Jack, proxénète à la petite semaine, et Zack, disc-jockey, sont réunis dans une cellule de prison en Louisiane. Forcés de se supporter, ils sont bientôt rejoints par Roberto, un immigré italien rempli de l’entrain qui leur manque, qui leur propose de s’évader.
Heureux Jarmusch qui va où il veut et à son rythme ! Aux chantres épuisés de l’errance, prêts à faire une fanfare de la petite musique de Stranger Than Paradise, il propose trois personnages qui trouvent sinistre d’errer. Aux mélancoliques qui voyaient en lui un Wenders bis, il oppose une comédie en noir et blanc, logique et farfelue, dont les tréteaux sont partout et la circonférence nulle part. Nulle nostalgie dans Down by Law, mais un sourire comme nous n’en connaissions plus (ici, une pensée pour Jean Renoir). [...] C’est un film sur le langage et sur les limites du langage. C’est si rare dans le cinéma américain que cela mérite d’être souligné avec un ouf de joie. Rare qu’un cinéaste américain ait si peu d’illusions sur les vertus communicatives de la langue de tous les jours et tant d’amour pour les langues dès qu’elles se font musique(s). Lurie et Waits ne sont pas seulement deux trognes parfaites et deux acteurs satisfaisants, ils font de la musique en parlant.
Serge Daney, Libération
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