Chili 1976
Manuela Martelli – 1h38, Chili, 2022
avec Aline Küppenheim, Nicolás Sepúlveda, Hugo Medina
Chili, 1976. Trois ans après le coup d’État de Pinochet, Carmen part superviser la rénovation de la maison familiale en bord de mer. Son mari, ses enfants et petits-enfants vont et viennent pendant les vacances d’hiver. Lorsque le prêtre lui demande de s’occuper d’un jeune qu’il héberge en secret, Carmen se retrouve en terre inconnue, loin de la vie bourgeoise et tranquille à laquelle elle est habituée.
Premier long métrage réalisé par Manuela Martelli, Chili 1976 est le récit d’un éveil. Et la première singularité du film, celle de nous faire voir et ressentir la réalité d’une dictature à travers le point de vue d’une femme de la bourgeoisie. La cinéaste reste au plus près de son personnage qui, des soins prodigués aux allées et venues entre les couvre-feux, jusqu’à la nécessité du mensonge, découvre la duperie des apparences d’une société qui réprime et tue. Carmen, en héroïne hitchcockienne, renvoie à une complexité qui traduit les contradictions auxquelles elle se voit confrontée. Ce point de butée qu’incarne le personnage est redoublé par un horschamp qui multiplie les indices et les sousentendus liés à une répression qui ne dit pas son nom. Les ellipses sont autant de trouées dans le récit qui signalent tout ce qui reste caché, mais aussi indicible. C’est cette force énigmatique de Carmen et le hors-champ qui font de Chili 1976 un film puissant et magnifique entre polar et drame historique, habité de zones d’ombre comme autant de fantômes qui reviennent nous dire la nécessité de la dissidence.
Maryline Alligier, La Septième Obsession
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