La Mine du diable [En Camino a la Rinconada]

Jorge, jeune chauffeur de moto-taxi quitte la banlieue de Lima et sa famille pour poursuivre ses rêves d’or et de fortune, en rejoignant la mine de La Rinconada, sur le toit de la Cordillère des Andes. Là-bas, on raconte que la mine appartient au Diable, et qu’il ne cède ses pépites qu’en échange d’un sacrifice… 

Le réalisateur italien Matteo Tortone s’est rendu au Pérou, à plus de 5000 mètres d’altitude, pour accompagner Jorge dans un voyage initiatique. Ne dit-on pas que « le diable est dans la mine », qu’il a « une barbe blanche et une figure de gringo » ? La misère s’affranchit de la peur. Le cinéaste offre un véritable objet-cinéma, entre fiction et documentaire. La caméra, au plus près des protagonistes, les cadre dans leur quotidien. Les plans-séquences, comme celui où l’on suit Jorge entrer dans le village, sont saisissants. Une longue montée faite de caillasse et de poussière. Peu de paroles, des images fortes. Une histoire sans fin, en un noir et blanc aiguisant les paysages, tailladant un peu plus les vies où l’or ne diffère pas du caillou. Certaines scènes – alcool et prostituées – dans une lumière chancelante, laissant apparaître le grain de l’image et le flou de la scène, semblent sorties d’un film de Jean Vigo.
Pierre Barbancey, L’Humanité