Border
Ali Abbasi – 1h48, Suède, 2018
avec Eva Melander, Eero Milonoff, Jörgen Thorsson
Tina, douanière à l’efficacité redoutable, est connue pour son odorat extraordinaire. C’est presque comme si elle pouvait flairer la culpabilité d’un individu. Mais quand Vore, un homme d’apparence suspecte, passe devant elle, ses capacités sont mises à l’épreuve pour la première fois. Tina sait que Vore cache quelque chose, mais n’arrive pas à identifier quoi. Pire encore, elle ressent une étrange attirance pour lui…
Film de peur qui choque et qui dérange, Border exprime l’essence même du fantastique. On y voit des choses littéralement affreuses à première vue, mais c’est pour mieux les déconstruire, les confronter. Et nous faire comprendre qu’une fois le monstre montré et vu, il n’est pas si monstrueux que ça, alors que le film possède des méchants, et des vrais, de purs dégueulasses, et qu’ils ont l’air complètement normaux et propres, eux. Ainsi, le réalisateur renverse le propos raciste lovecraftien (où la monstruosité physique est le signe d’une monstruosité de l’âme ; et le masque de l’autre cache le mal et la corruption), une critique de l’altérité qui se retrouve dans de très nombreux films d’horreur. Heureusement, ce beau propos théorique ne donne pas lieu à un pensum de cinéma glacial. La mise en scène est extrêmement charnelle et sensorielle, et les bruits de respiration grognante que poussent Tina et Vore (géniaux et bouleversants Eva Melander et Eero Milonoff) pour communiquer sont une belle idée de cinéma.
Sylvestre Picard, Première
Également dans ce cycle
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