sweetie
JANE CAMPION - 1H45, AUSTRALIE, 1989
AVEC GENEVIÈVE LEMON, KAREN COLSTON, TOM LYCOS
Kay a peur de tout: du présent, de l’avenir, de la vie, de la mort. Tout semble s’arranger lorsqu’elle se met en ménage avec Louis, l’ancien fiancé d’une collègue. Mais ce bonheur apparent ne dure qu’un temps et ses angoisses la reprennent. C’est alors qu’apparaît Sweetie, sa jeune sœur, obèse, délurée, à la sensualité vorace.
C’était en 1989, avant les gammes échevelées de La Leçon de piano, avant les amours délicates du poète John Keats dans Bright Star. Retour aux sources du cinéma de Jane Campion, de son goût pour les héroïnes borderline: Kay, maigrichonne pétrie de phobies, voit un jour sa sœur Sweetie débouler dans sa vie, envahir l’espace étriqué de sa petite maison, de son asphyxiante vie de couple avec le falot Louis. Sweetie, c’est tout le contraire de Kay. Obèse, excentrique, inquiétante, elle déborde de toutes les manières possibles: la chair, le désir sexuel, la maladie mentale... C’est la pulsion contre le refoulement, le symptôme triomphant. Kay et Sweetie sont les deux fruits du même arbre généalogique pourri jusqu’aux racines. Chaque plan est contaminé par ce dérèglement, de la nudité encombrante et animale de Sweetie aux fissures du sol, ces brèches de folie qui s’insinuent dans la vie de Kay. Le film a gardé toute son étrangeté, toute sa sève vénéneuse. Le premier long métrage de Jane Campion est, peut-être, son meilleur. Cécile Mury, Télérama