australie, à la folie
Il fallut attendre les années 70 pour que le cinéma australien prenne un nouvel élan en se décidant à accompagner ses talents émergents. Ce sont paradoxalement deux films étrangers qui vont aider à ce mouvement. Dans Wake in Fright, l’outback australien n’est plus un décor. Le canadien Ted Kontcheff secoue les consciences en osant critiquer avec une lucidité remarquable le lien de camaraderie trouble qui unit, autant qu’il les détruit, les hommes de ces contrées désertiques. Avec Walkabout, le Britannique Nicolas Roeg révèle comme jamais la poésie et la beauté du bush et va au delà de tous les stéréotypes et clivages raciaux grâce à la relation qu’il installe entre aborigènes et occupants blancs. Deux fims atypiques qui dérangent encore aujourd’hui. En 1989, la Néo-Zélandaise Jane Campion s’affirme dès son premier long métrage Sweetie, film inoubliable qui a gardé toute sa force et son étrangeté. En brossant des portraits de femmes en quête d’identité et d’émancipation, elle impose un style et une œuvre. De son côté, Rolf de Heer, l’auteur du déjanté Bad Boy Bubby en 1993, s’intéresse à l’histoire des aborigènes. David Gulpilil, qui avait été quarante ans plus tôt l’interprète aborigène de Walkabout, est l’acteur principal de Charlie’s Country, sorti en 2014. Il y joue un personnage inspiré de sa propre histoire, meurtri par la vie, qui maintient envers et contre tout sa loyauté à l’égard de sa culture et de ses ancêtres, et évolue entre hôpital et prison sous le regard omniprésent des autorités australiennes. La juxtaposition des deux films est des plus éloquentes.
En cinq films, ce programme propose une traversée fragmentaire et lacunaire, hallucinée et au bord de la folie, d’un continent immense et méconnu.