Sous le ciel d’Alice
Chloé Mazlo – 1h30, 2021
avec Alba Rohrwacher, Wajdi Mouawad
Dans les années 50, la jeune Alice quitte la Suisse pour le Liban, contrée ensoleillée et exubérante. Là-bas, elle a un coup de foudre pour Joseph, un astrophysicien malicieux qui rêve d’envoyer le premier libanais dans l’espace. Alice trouve vite sa place dans la famille de ce dernier. Mais après quelques années de dolce vita, la guerre civile s’immisce dans leur paradis...
Dans ses courts métrages d’animation – Les Petits Cailloux, César du meilleur court métrage d’animation en 2015 –, la jeune cinéaste Chloé Mazlo a développé une sensibilité poétique pour évoquer l’histoire passée du Liban de ses origines. Sous le ciel d’Alice, son premier long métrage, porte toute la richesse de cet univers personnel patiemment construit comme l’on confectionne une longue couverture en patchwork. Comme il s’agit d’un scénario construit sur l’évocation d’une histoire familiale d’un Liban qu’elle n’a pas connu, Chloé Mazlo utilise et assume les moyens artisanaux propres au cinéma de l’artifice plutôt que le documentaire, à travers les inventions de Méliès et le cinéma d’animation en stop-motion. Même si le reste du film est filmé en prise de vue réelle, cette distance à l’égard de la réalité quotidienne est conservée à la fois à travers le grain de la pellicule argentique choisie pour le tournage, un décor studio et un jeu d’acteur antinaturaliste, qui laisse de côté la psychologie pour s’approcher au plus près de ce que signifie la mobilisation d’une histoire passée. Avec pudeur et poésie, le film donne ainsi à vivre des émotions comme autant de portes d’accès à une histoire complexe dont les stigmates dans le Liban actuel sont toujours bien visibles.
Cédric Lépine, Médiapart
Prochaine séance de l'Été du cinéma
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ImageLe 8 septembre