Slalom
Charlène Favier – 1h32, France, 2021
avec Noée Abita, Jérémie Renier, Marie Denarnaud
Lyz, 15 ans, vient d’intégrer une prestigieuse section ski-études du lycée de Bourg-Saint-Maurice. Fred, ex-champion et désormais entraîneur, décide de tout miser sur sa nouvelle recrue. Galvanisée par son soutien, Lyz s’investit à corps perdu, physiquement et émotionnellement. Elle enchaîne les succès mais bascule rapidement sous l’emprise absolue de Fred...
Slalom pourrait être l’histoire d’une success-story avec ses hauts et ses bas qui s’achèverait en beauté par une collection de médailles. Mais ce premier long métrage de Charlène Favier nous emmène ailleurs. Vers les sommets certes car Lyz gagne. Mais d’abord et avant tout vers une descente aux enfers étouffante. Car Lyz est tombée sous la coupe de cet entraîneur qui va franchir la limite de son intimité... en faisant fi d’un non- consentement qu’il paraît ne jamais voir. Slalom est un film majeur sur l’emprise parce qu’il ne tombe jamais dans l’écueil du manichéisme. C’est un film avec très peu de cris et de heurts. Mais une douleur intérieure de plus en plus violente et sourde face à une figure tutélaire qu’on admire et qui va tout faire voler en éclats comme on piétine un champ de fleurs à peine écloses. La maîtrise du récit – entièrement vécu à travers le regard de Lyz – comme de la mise en scène est ici impressionnante. Le choix du casting – Jérémie Renier et Noée Abita – est aussi juste que ce que ces comédiens font de leurs rôles, jouant avec l’ambiguïté comme si leurs personnages refusaient longtemps de voir et d’admettre le mal que le premier fait et celui que la seconde subit. Jusqu’à un ultime plan qui vous laisse KO.
Thierry Cheze, Première
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