Mustang
Deniz Gamze Ergüven – 1h33, Turquie / France / Allemagne, 2015
avec Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit İşcan, İlayda Akdoğan, Tuğba Sunguroğlu
4 César
Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger. Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.
Deniz Ergüven dénonce la montée du conservatisme de la Turquie contemporaine. La réalisatrice s’est inspirée de situations qu’elle a elle-même vécues. Le sujet est très grave mais ce film est lumineux. Car les sœurs sont indociles, surtout la plus jeune, Lale, qui organise une fugue pour aller voir un match de foot, la scène est galvanisante. Cette ode à la liberté est construite avec beaucoup de rythme et portée par les changements de ton : on est au bord des larmes, on pleure, on a peur souvent, on rit aussi parfois. Les cinq comédiennes non professionnelles qui jouent les sœurs sont impressionnantes de naturel. On croirait parfois qu’elles sont un seul et même personnage : une sorte de féminité à cinq têtes. Elles représentent toutes les attitudes possibles face à l’oppression des femmes : la résignation, la rébellion, la fuite… Beaucoup, à la sortie du film, on fait un parallèle avec Virgin Suicide, mais Deniz Ergüven n’aime pas cette comparaison avec le film de Sofia Coppola. Elle présente Mustang comme une fable réaliste, un conte, comme un cri de colère pour les droits des femmes en Turquie. Mustang est un film oxymore : il est à la fois désespéré et lumineux. Surtout, il porte bien son nom. Car il est puissant, sensuel et fougueux comme un cheval sauvage au galop.
Dorothée Barba, France Inter
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