Miséricorde
Alain Guiraudie – 1h43, France, 2024
avec Félix Kysyl, Catherine Frot, Jean-Baptiste Durand
Jérémie revient à Saint-Martial pour l’enterrement de son ancien patron boulanger. Il s’installe quelques jours chez Martine, sa veuve. Mais entre une disparition mystérieuse, un voisin menaçant et un abbé aux intentions étranges, son court séjour au village prend une tournure inattendue…
Une très étrange histoire qui se passe dans un village du sud de la France, un village comme un lieu inédit dans le cinéma français, antipittoresque, antinaturaliste, et qui permet qu’advienne une fable à la morale tout à fait indéterminée. […] Il y a bien une trame de film noir dans ce film qui commence et s’achève dans un cimetière, avec de vrais effets de suspense et même de terreur, pour autant toujours subvertis par un réalisme franc, dans la représentation du quotidien somme toute banal de cette poignée de personnages – avec la boulangerie désaffectée, la crainte des on-dit, la teinte bleue criarde de la voiture de Vincent. Il y a bien de la tragédie, dans l’exacerbation de la violence, le soulèvement de secrets, mais sans cesse contrebalancée par un burlesque assumé. La satire affleure parfois dans la manière de caractériser les personnages en types – le boulanger, le curé, le marginal –, mais ne mord jamais – le film les aime bien trop – et il semble que chacun puisse s’émanciper sans cesse de sa position première, sociale ou sexuelle. Il y a une forme de grandiloquence, que d’ailleurs dit ce titre de « miséricorde », un mot emprunté au vocabulaire chrétien, mais qui rencontre une sobriété de la mise en scène, une simplicité quasi grise des dialogues, sans effusion, sans affectation aucune – qui fait qu’on se demande tout au long : mais comment fait Alain Guiraudie pour qu’on ait l’impression de n’avoir jamais vu ça ?
Lucile Commeaux, France Culture
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