Miller’s Crossing
2h02, États-Unis, 1990
avec Gabriel Byrne, Marcia Gay Harden, John Turturro
À l’époque de la Prohibition, le gangster Tom Reagan, bras droit d’un caïd irlandais, trahit et manipule son entourage, l’utilisant à ses propres fins, même par la violence, afin de se faire une place.
Après la violence pure et dure (Sang pour sang), après la tendresse burlesque et itinérante (Arizona Junior), Joel et Ethan donnent avec Miller’s Crossing leur troisième film en dix ans, un époustouflant film noir de toutes les couleurs, un trépidant opéra bouffe rythmé par les hoquets hystériques de la « sulfateuse » Thomson ou par la contra- puntique douceur de vieilles ballades irlandaises. Les frères Coen affirment que leur film est né de la lecture de Moisson rouge de Dashiell Hammett et de l’image d’un chapeau volant à travers les arbres. Hammett est là, un peu, dans la peinture de cette ville en état de décomposition avancée, sous la prohibition. Une ville qu’on voit à peine, qu’on cadre serré, enseignes de bar éteintes d’une rafale, fenêtres à guillotine, voitures sombres sur pavé luisant. Mais le chapeau est plus important que la ville, il vole en effet, et fait décoller Miller’s Crossing vers un bucolisme inquiétant, l’arrache à l’asphalte, l’emporte ailleurs, plus loin, plus haut, au-delà des rives triviales de la parodie. Tout bien pesé, Miller’s Crossing est au film noir ce que Le Bon, la Brute et le Truand fut en son temps pour le western. Aussi distancié et proche à la fois du genre qu’il s’approprie. Aussi iconoclaste et fervent. Aussi irrésistible.
Le Monde
Retrouvez aussi
-
ImageDu 13 au 15 mai1h36, États-Unis, 1985
-
ImageDu 20 au 21 mai1h38, États-Unis/Royaume-Uni, 1996
-
ImageDu 4 au 6 juin1h57, États-Unis/Royaume-Uni, 1998