Limbo
Ben Sharrock – 1h46, Royaume-Uni, 2021
avec Amir El-Masry, Vikash Bhai, Sidse Babett Knudsen
Déboussolés, des demandeurs d’asile prennent leur mal en patience sur une île écossaise isolée où les traditions semblent pour le moins étranges.
Faire un film savoureux, poétique et touchant, sur le sort des réfugiés, tel est le pari remporté par le réalisateur écossais, Ben Sharrock, qui signe là son deuxième long métrage. Dans un esprit burlesque et graphique proche d’Aki Kaurismäki, Limbo dépeint le quotidien d’Omar et de ses camarades d’infortune sous l’angle de la fable. Nul apitoiement convenu ici, mais une suite de saynètes cocasses, parfois cruelles, où le laconique Omar se heurte à une réalité absurde. Qu’il soit en butte aux préjugés de certains habitants ou bien soutenu par une bénévole dévouée dispensant des cours surréalistes (l’inattendue Sidse Babett Knudsen, très loufoque), il apparaît toujours comme une personne incongrue, déplacée. Un exilé à l’intérieur de lui-même, aussi. C’est la qualité majeure du film : faire d’Omar un personnage à part entière, qui ne se réduit pas au statut de réfugié. Un homme en quête de sa propre identité, rongé par la culpabilité d’avoir laissé ses proches en pleine guerre. Entre lâcheté et courage, espoir et désillusion, le Pierrot lunaire oscille, incapable de jouer de son instrument, un oud qu’il transporte toujours avec lui. Il faut attendre la toute fin pour être récompensé. Mais brièvement, sans étalage aucun, à l’image de ce film toujours guidé par la dignité.
— Jacques Morice, Télérama
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