Leto
2h06, Russie, 2018
avec Irina Starshenbaum, Teo Yoo, Roma Sver
Leningrad. Un été du début des années 80. En amont de la Perestroïka, les disques de Lou Reed et de David Bowie s’échangent en contrebande, et une scène rock émerge. Mike et sa femme, la belle Natacha, rencontrent le jeune Viktor Tsoï. Entourés d’une nouvelle génération de musiciens, ils vont changer le cours du rock’n’roll en Union Soviétique.
C’est un film sur les limbes, la vie rock sous observation policière et la fièvre adolescente au cœur du totalitarisme à l’agonie. Bowie chante en 1976 « it’s too late to be late again », le mantra de toute jeunesse qui passe trop vite et ne sait jamais tout à fait si elle est dans le train de l’histoire ou si elle le regarde filer à vive allure vers un ailleurs interdit ou improbable. Entravée et protégée dans cette nasse de l’histoire comme dans une poche résiduelle dont personne évidemment à l’époque ne sait qu’elle va s’écraser sur le sol quelque neuf ans plus tard, la bande de Mike et Viktor musarde, compose, flirte, picole et gueule à fond perdu et pour la beauté du geste. Ce qui est vraiment magnifique ici, c’est la façon dont le cinéaste aborde ce moment de bascule, de crise, où un processus de désagrégation politique inexorable s’amorce comme en sourdine, non sous la forme attendue, fulgurante du drame mais en laissant les épisodes du quotidien déposer et cristalliser, dans l’ample matière du souvenir instantané, la joie irremplaçable des instants privilégiés et la conviction sereine que ce qu’il était possible de vivre l’était sans retenue ni calcul, et jusqu’à la plénitude d’un gâchis extatique.
Didier Péron, Libération
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