Les Filles d’Olfa
Kaouther Ben Hania – 1h50, France/Tunisie/ Allemagne/Arabie Saoudite, 2023
avec Hend Sabri, Olfa Hamrouni, Eya Chikahoui
La vie d’Olfa, tunisienne et mère de quatre filles, oscille entre ombre et lumière. Un jour, ses deux filles aînées disparaissent. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur l’histoire d’Olfa et ses filles. Un voyage intime fait d’espoir, de rébellion, de violence, de transmission et de sororité qui va questionner le fondement même de nos sociétés.
C’est une histoire devenue tristement banale en Tunisie. Des milliers de jeunes, hommes et femmes, sont partis grossir les rangs des djihadistes de Daech. Olfa a ainsi vu deux de ses quatre filles, les plus âgées, quitter le pays et gagner la Libye voisine où elles seront arrêtées puis, de retour en Tunisie, condamnées à seize ans de prison. La réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania – Le Challat de Tunis (2014) et La Belle et la Meute (2017) – a décidé d’en faire un film, de retrouver cette mère, Olfa, pour comprendre et retracer l’engrenage infernal. L’idée géniale est de ne proposer ni un documentaire ni une fiction mais une sorte de mélange des genres. Non pas à partir d’interviews, d’images d’archives et de reconstitutions, mais en mêlant les véritables protagonistes, la mère et ses deux plus jeunes filles, Rahma et Ghofrane, qui vont raconter leurs peurs et leurs angoisses, leurs espoirs et leur désespoir à de véritables comédiennes, respectivement Hend Sabri, Nour Karoui et Ichraq Matar. Dans ces scènes où elles se retrouvent toutes les six, sorte de répétition hors du commun, la caméra discrète saisit les émotions et les chan- gements d’attitude. L’actrice se fait mère courage alors qu’Olfa se souvient des épreuves endurées. On ne sait plus qui est qui. L’équipe technique, quasi exclusivement féminine, a sans doute aidé à créer l’atmosphère intense de cette histoire plongée dans la grande, qui meurtrit les êtres.
Pierre Barbancey, L’Humanité
À découvrir dans ce cycle
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ImageDu 17 au 23 maiMounia Meddour – 1h38, France/Algérie, 2023
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ImageLe 17 mai
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ImageDu 5 au 7 juinAsmae El Moudir – 1h37, Maroc, 2023