Le Professeur (La Prima Notte di quiete)

Daniel, un professeur de littérature remplaçant, est nommé pour quelques mois dans un lycée de Rimini. Passionné de lettres mais peu soucieux des convenances de sa profession, il s’adonne à sa tâche sans grand entrain. Intrigué et séduit par l’une de ses élèves, il délaisse sa femme et se précipite sans le savoir vers un destin tragique…

À ce perdant, joueur de poker rarement chanceux, Alain Delon offre une dimension magnifique : en interprétant le mendiant comme un prince, il raconte un homme appartenant à un autre monde, fascinant ceux qu’il rencontre par ses secrets, ses silences et sa force mystérieuse qu’il semble puiser dans le désespoir. [...] Le Professeur reste un des plus beaux témoignages de ce que Delon apporta au cinéma : un magnétisme froid, souvent poignant, une présence d’une intensité à couper le souffle. Comme Fellini, qui y était né en 1920, Zurlini aime cette ville (Rimini) de la côte Adriatique lorsque le soleil n’y brille pas et que le désoeuvrement y devient une belle tentation… De cette ambiance hors saison, Le Professeur fait des merveilles. La dérive des personnages s’y annonce avec un voilier anglais égaré, avec le brouillard, les maisons vides, les dancings tristes. Visuellement, le film est un superbe poème.
Frédéric Strauss, Télérama