Des filles pour l'armée (Le Soldatesse)
2h, Italie / France / Allemagne de l’Ouest / Yougoslavie, 1965
avec Anna Karina, Marie Laforêt, Léa Massari, Mario Adorf
Pressé de quitter Athènes en proie à la famine et à la désolation, le lieutenant d’infanterie Gaetano Martino a pour mission d’escorter des prostituées destinées à rejoindre des bordels militaires de diverses garnisons à travers le pays, jusqu’en Albanie. Pour l’accompagner, l’officier désigne le sergent Castagnoli, un sympathique Toscan qui va conduire le camion. Tandis que des liaisons et des conflits naissent au cours du périple, Martino tombe amoureux d’Eftichia, la plus révoltée du groupe.
Le Soldatesse est un film secret, sous-estimé, passé relativement inaperçu, qui mérite d’être redécouvert. Il rappelle la proximité de Zurlini avec le néo-réalisme, dont il fut l’un des principaux continuateurs. Comme Rossellini avant lui, Zurlini montre les conséquences destructrices de la Seconde Guerre mondiale sur les populations civiles, et de manière plus générale, sur la civilisation européenne. Dans Le Soldatesse, ce sont les troupes italiennes et non allemandes, qui se livrent à des exactions et occupent la Grèce au terme d’une résistance acharnée de son armée. [...] Il réalise ainsi l’un des rares films clairement antifascistes du cinéma italien. [...] L’autre aspect remarquable du film concerne sa dimension féministe. En s’intéressant à un groupe de prostituées grecques, Zurlini procède de manière allégorique. Les corps des femmes contraintes de s’offrir aux soldats ennemis renvoient au sort de la Grèce soumise à l’occupant italien. Plus concrètement, le cinéaste se livre à une critique féroce de la phallocratie et du virilisme indissociables de la doctrine fasciste.
Olivier Père, Arte
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