Le Procès Goldman
Cédric Kahn – 1h56, France, 2023
avec Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan Guérin-Tillié
César du meilleur acteur
En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.
Le réalisateur organise, avec les outils de la fiction, une captivante reconstitution du second procès de Pierre Goldman. (...) Cédric Kahn a effacé l’aspect théâtral de la cour pour y tisser une étoffe autrement plus drue. En utilisant un format carré, en coupant la musique et en se passant de flashback, il nous donne l’impression de plonger dans des archives. À moins que ce ne soit dans un guet-apens... Une fois entrés dans le tribunal, nous n’en sortirons plus. Au milieu de la lutte rhétorique, manœuvrée au moyen de prodigieux face-à-face, le film impressionne une matière sensible qui doit beaucoup à la fiction : des acteurs au firmament (Arieh Worthalter, Arthur Harari, Nicolas Briançon...), un recadrage scénaristique qui amplifie la matière brûlante du dossier (antisémitisme, racisme, violences policières) et une dilution de l’instance juridique dans des inserts prélevés parmi le public, en particulier le visage de la compagne de Goldman, femme noire devant la justice blanche. À la différence de Roberto Succo (2001), le quatrième film du réalisateur, Le Procès Goldman ne tranche pas. Plus exactement, il prend le parti de la défense, celui du bénéfice du doute, défendu par Me Georges Kiejman, puisqu’il n’y a pas de preuve incontestable de culpabilité. Le plus fort du film se trouve dans la relation complexe de ces deux hommes, tous deux enfants de la Shoah. D’un côté, Goldman, écorché vif et autodestructeur, plaide pour des idéaux, de l’autre, Kiejman, résilient et rationnel, s’attelle à libérer l’homme. C’est dans cette faille creusée dans la même roche que le film dessine les ombres irréconciliables de ce grand procès.
Maroussia Dubreuil, Le Monde
- Accessibilité
-
Pour les projections cinéma, au Kursaal et à l’Espace, nos salles sont équipées d’un système Fidélio qui permet l’accès aux pistes d’audiodescription et de son renforcé. Tous les films de ce programme sont audiodécrits. Réservation conseillée : billetterie@les2scenes.fr / 03 81 87 85 85.
Aussi durant les Vacances au cinéma
-
ImageLe 17 juilletJeanne Aslan, Paul Saintillan – 1h48, France, 2023
-
ImageLe 28 aoûtIris Kaltenbäck – 1h37, France, 2023
-
ImageLe 7 aoûtNathan Ambrosioni – 1h36, France, 2023