Le Bleu du caftan
Maryam Touzani – 2h02, Maroc/France, 2023
avec Lubna Azabal, Saleh Bakri, Ayoub Missioui
Halim est marié depuis longtemps à Mina, avec qui il tient un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé, au Maroc. Le couple vit depuis toujours avec le secret d’Halim, son homosexualité qu’il a appris à taire. La maladie de Mina et l’arrivée d’un jeune apprenti vont bouleverser cet équilibre. Unis dans leur amour, chacun va aider l’autre à affronter ses peurs.
Halim refuse tout d’abord d’assumer son attirance grandissante et réciproque pour son apprenti. Mina sombre de plus en plus dans la maladie. Un peu comme dans La Peau de chagrin de Balzac, plus le caftan avance, plus Mina dépérit. Mais cette femme forte, qui est loin d’être une idiote, va peu à peu devenir l’artisane de l’amour naissant entre les deux hommes, l’auteure du nœud qui va permettre leur liaison après sa mort qui approche. Comme si de sa mort devait naître autre chose... On pense aussi à cette phrase célèbre de Shakespeare dans La Tempête : « Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil. » La métaphore est facile, mais elle est inévitable, tant elle semble être au cœur même, le point le plus élevé de la cohérence et de la fabrication du film, de son tissu narratif en forme de conte contemporain : son récit, tel un caftan, est un travail d’artisan de haute valeur, qui tisse plusieurs intrigues ensemble, rehaussées par une image aux couleurs chaudes, pour aboutir à une conclusion qui unit de manière inextricable tous ses fils (amoureux, sexuel, politiques), pour nous offrir à nous et à Mina le plus beau des vêtements.
Jean-Baptiste Morain, Les Inrocks
À découvrir dans ce cycle
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ImageDu 10 au 13 juinSofia Alaoui – 1h30, Maroc/France, 2023