À l'intérieur d'une voiture, trois hommes. Le conducteur porte un chapeau.

Dans les bois, trois hommes et une femmes sortent d'une voiture noire. Ils semblent pressés.

Dans une pièce sombre et non-meublée, trois hommes sont debout à droite et regarde un homme allongé sur un matelas au sol à gauche.

L'Armée des ombres

2h23, France / Italie, 1969
avec Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Crauchet, Paul Meurisse

Octobre 1942. Ingénieur distingué des Ponts et Chaussées, soupçonné de pensée gaulliste, semblant jouir d’une certaine influence, Philippe Gerbier est interné dans un camp français puis transféré au quartier général de la Gestapo de l’hôtel Majestic à Paris. Il s’en évade en tuant une sentinelle.

Jean-Pierre Melville, ancien résistant gaulliste, adapte le livre de Joseph Kessel publié en 1943 à Alger et signe un très grand film noir. […] Luc Jardie l’intellectuel (Paul Meurisse), dit Saint-Luc, s’inspire à la fois de Jean Moulin et de Pierre Brossolette, Gerbier le reclus (Lino Ventura), de Jean Pierre-Bloch et du colonel Rémy, etc. Lyrisme sans cesse contenu, jeu sobre, héroïsme entaché par les ambivalences de chacun (comment adhérer à « la morale » de résistants capables de se muer en exécuteurs d’une froideur totale ?)… Melville se concentre sur la solitude infinie de ces morts en sursis lancés dans leur dernière marche funèbre. De ces « déjà » spectres qui traînent tous leur part d’ombre.
Sophie Grassin, Le Nouvel Obs