Joseph Losey
La réédition de quelques-uns des films majeurs de Joseph Losey nous invite à redécouvrir aujourd’hui l’œuvre protéiforme d’un metteur en scène qui a traversé le siècle et sondé inlassablement les mystères de l’âme humaine.
Ce sont les circonstances qui ont fait de Joseph Losey le plus anglais des cinéastes américains. Issu d’une famille conservatrice du Wisconsin, il se frotte au théâtre, sympathise avec Bertolt Brecht et Calder, se politise, Marx, Trotski, le Parti communiste américain… C’est ce terreau idéologique, en pleine chasse aux sorcières, qui va couper net l’élan prometteur de sa carrière de cinéaste et le contraindre à l’exil européen en 1951. Citoyen britannique, il enchaîne productions mineures sous pseudonyme, œuvres engagées et films noirs (Temps sans pitié, Les Criminels). Sa collaboration avec Harold Pinter, entamée en 1963 (The Servant, analyse au scalpel des rapports de classe) le place sur la carte des grands auteurs européens, invité régulier des festivals – il remporte la Palme d’or en 1971 avec Le Messager –. Deux ans plus tard, Monsieur Klein marque l’apogée d’une carrière qui l’aura vu évoluer, au gré d’une filmographie riche de trente-cinq films inclassables, entre naturalisme et lyrisme, sophistication et abstraction, drames, thrillers et opéras.
Jean-François Rauger, La Cinémathèque française