Inception
2h28, États-Unis, 2010
avec Leonardo DiCaprio, Marion Cotillard, Elliot Page
Dom Cobb est un voleur expérimenté, maître dans l’art de l’extraction, un homme très prisé dans l’univers parallèle de l’espionnage industriel. Sa spécialité consiste à s’approprier les secrets les plus précieux, les plus intimes d’un individu pendant son sommeil. Mais Dom Cobb est aussi un fugitif traqué dans le monde entier, un homme qui a perdu tout ce qui lui était cher. Une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d’avant : au lieu de subtiliser un rêve, Cobb et son équipe doivent faire l’inverse, implanter une idée dans l’esprit d’un homme. S’ils y parviennent, ils pourraient accomplir le crime parfait…
Il serait difficile, et vain, de décrire la complexe mécanique narrative ici à l’œuvre. On peut simplement dire que l’on passe successivement d’un braquage dans les rues de L. A. (à la Michael Mann), à un cache-cache dans un hôtel en apesanteur (2001 rencontre Shining), de l’assaut d’un bunker en haute montagne (hommage à la saga James Bond), à la visite hallucinée d’une mégalopole en ruine (qui rappelle La Jetée de Chris Marker, sans toutefois en atteindre la profondeur émotionnelle). Tranquillement, et sans avoir à rougir, Nolan nous promène ainsi dans son musée personnel du cinéma. Seulement, à l’opposé de ce à quoi le cinéma américain nous a habitués depuis trente ans, il s’agit d’un musée sans poussière, et sans ironie, un musée dont chaque pièce serait tel un original. Nolan ajoute un principe qui fait basculer son film dans le drame sentimental métaphysique : en effet, plus on s’enfonce dans les couches oniriques (le rêve dans le rêve jusqu’à 4 niveaux), plus le temps avance lentement, si bien qu’une seconde dans le monde réel peut durer un siècle, en bout de chaîne. Outre la maîtrise de l’espace (la fiction comme fabrique d’univers), DiCaprio possède donc celle du temps (devenir immortel) – du moins en a-t-il l’illusion. Éloge de la toute-puissance de la fiction sur le réel, Inception en est aussi, par conséquent, le tombeau implacable.
Jacky Goldberg, Les Inrocks
À retrouver dans ce cycle
-
ImageDu 11 au 21 mars1h56, États-Unis, 2000
-
ImageDu 13 au 19 mars2h32, États-Unis, 2008
-
ImageLe 18 mars