Hostiles
Scott Cooper – 2h14, États-Unis, 2017
avec Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi
En 1892, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker est contraint d’escorter Yellow Hawk, chef de guerre cheyenne mourant, sur sa terre natale. Sur la route, ils rencontrent Rosalee Quaid, seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, qui se joint à leur périple.
Le plus souvent taiseux, mais superbement évocateur quand il se fait plus verbeux, le film use habilement des silences, préférant les regards de ses acteurs, abîmes d’émotions contradictoires. Sans gentils ni méchants, Hostiles observe des personnages presque tous à la fois victimes et bourreaux, dévorés par une haine systémique et qui, dans ce cercle infernal de violence, cherchent désespérément à retrouver leur humanité et leur dignité. À travers eux se joue évidemment le destin tragique de la nation américaine – et, plus largement, de toutes les autres – qui, encore aujourd’hui, préfère le conflit à l’écoute, les reproches à la réconciliation, la défiance à la confiance. Là, la mise en scène de Scott Cooper, toujours plus précise de film en film, se révèle essentielle. Sa caméra se fait discrète et retenue, mais jamais passive, bien au contraire : chaque mouvement bâtit patiemment la tension et les cadrages, lesquels content la lente évolution émotionnelle des personnages. Mais peut-être reconnaît-on un grand film à sa capacité à lâcher prise, à laisser les spectateurs finir eux-mêmes le voyage. Hostiles se conclut ainsi par une splendide dernière scène et son tout dernier plan, à la rémanence bouleversante, semble suspendre le film dans l’éternité.
– Aurélien Allin, Cinéma teaser
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