On achève bien les chevaux
Sydney Pollack - 1h59, USA, 1969
avec Jane Fonda, Michael Sarrazin
USA, 1932. Au coeur de la grande Dépression, des hommes et des femmes qui cherchent par tous les moyens à s’en sortir s’inscrivent à des marathons de danse mis sur pied par des organisateurs de spectacles sans scrupules pour un public cruel et… payant. Logés et nourris, les concurrents espèrent décrocher la prime de 1 500 dollars récompensant le couple qui restera en piste le plus longtemps.
Sortes d’ancêtres des reality-shows ou de jeux comme Le Maillon faible, ou descendants des combats de gladiateurs, ces barnums ignobles fonctionnaient sur l’exploitation de la misère, la
compétition féroce entre individus et le spectacle de la déchéance humaine. Une métaphore à peine voilée du capitalisme, qui fonctionne pleinement aujourd’hui, à l’heure de la crise profonde provoquée par le libéralisme. Si le sujet du film est dur, tragique, Pollack s’affirmait déjà paradoxalement comme un cinéaste de la douceur, avec sa photo léchée, ses travellings onctueux, son goût des ralentis et des belles B.O., qui amortissent l’âpreté des situations décrites.
Serge Kaganski, Les Inrocks