king Size
Christoph Marthaler
En collaboration avec le Centre Dramatique National de Besançon
Opéra-théâtre disjoncté et empli de tendresse
Avec ses pièces où musique et paroles ne cessent de dialoguer, le metteur en scène suisse Christoph Marthaler a bousculé les codes du théâtre. Dans King Size, il propose une œuvre légère et loufoque, dont on sort à la fois joyeux et un peu mélancolique. Cette sensation n’est guère surprenante avec un spectacle qui convie, entre autres, Boby Lapointe et Richard Wagner. Une date événement dans la saison.
Le rideau se lève sur un décor familier. Il y a un lit King Size, entouré de boiseries et de tapisseries à fleurs. Partout, des portes qui ne demandent qu’à claquer à grands coups de quiproquos. Mais avec Christoph Marthaler – maître de la précision, de l’ironie et du décalage – il faut s’attendre à tout et à son contraire.
Ici, dans l’intimité d’une chambre d’hôtel, des êtres ordinaires sont en proie à des questions existentielles et relationnelles. Ils se croisent sans se voir, enfermés qu’ils sont dans leurs manies solitaires. Il y a un homme fluet et une sorte de Walkyrie formant un couple contrasté, une dame plus âgée et un pianiste.
Ce petit monde entonne un répertoire hétérogène, en passant de Satie à Mahler, des Jackson Five à Mozart, des Kinks à Schumann. On danse le twist sur des airs d’opéra et on ose des entrechats sur du Polnareff. Christoph Marthaler extirpe de ce décalage l’essence de sa pièce disjonctée. Avec humour et tendresse, le metteur en scène crée des «enharmonies», ces compositions conjuguant des tonalités différentes. Il en résulte une matière sonore qui, agrémentée par les gestes décalés des comédiens, génère une loufoquerie irrésistible.
Générique
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