YASUJIRO OZU
Les vingt films parlants d’Ozu, à partir du Fils unique en 1936, sont une succession de chefs-d’oeuvre où la méditation sur le temps prend le pas sur le contexte social pourtant toujours traité en arrière-plan. Pour Ozu, la vie est simple et l’homme ne cesse de la compliquer en «agitant l’eau dormante». L’après-guerre vient confirmer cette pensée, mais en la renouvelant, en renforçant et débordant le thème des générations opposées: l’ordinaire américain vient percuter l’ordinaire du Japon, heurt de deux quotidiennetés qui s’exprime jusque dans la couleur lorsque le rouge Coca-Cola fait brutalement irruption dans la série des teintes délavées de la vie japonaise. Et, comme il est dit dans Le Goût du saké: si ç’avait été l’inverse, si le saké, le samisen et les perruques de geisha s’étaient soudain introduits dans la banalité quotidienne des Américains…?