Un monde plus grand
FABIENNE BERTHAUD – 1H40, 2019
AVEC CÉCILE DE FRANCE, NARANTSETSEG DASH, TSERENDARIZAV DASHNYAM
Partie en Mongolie chez des éleveurs de rennes pour enregistrer des chants traditionnels, Corine pensait pouvoir surmonter la mort de Paul, son grand amour. Mais sa rencontre avec la chamane Oyun bouleverse son voyage, elle lui annonce qu’elle a reçu un don rare et doit être formée aux traditions chamaniques. De retour en France, elle ne peut refuser ce qui s’impose désormais à elle : elle doit repartir pour commencer son initiation… et découvrir un monde plus grand.
Pour son quatrième long-métrage la réalisatrice nous plonge au cœur d’une véritable aventure humaine, au milieu de la steppe mongole, zone recluse du monde, sans eau ni électricité ni réseau internet. Un monde plus grand est une adaptation, certes romanesque mais fidèle, d’un ouvrage autobiographique de Corine Sombrun, Mon initiation chez les chamanes, publié en 2004.
À la fois sauvage et d’une grande sensibilité, le portrait de la tribu surnommé « peuple des rennes » est retranscrit à la perfection. On doit notamment cela à la collaboration appréciée de l’auteure qui a été conseillère technique sur les scènes de transe et a participé au scénario ainsi qu’au long travail de repérage photographique effectué en amont du tournage. Le personnage de Corine va rencontrer la chaman Oyun du peuple nomade Tsaatans et débutera, malgré elle, un apprentissage du deuil. Cécile de France, passionnée par le sujet qui lui est offert, incarne avec justesse, tantôt fragile, tantôt forte, Corine Sombrun.
Entre documentaire et fiction, la réalisatrice prône l’héritage d’un savoir ancestral, le chamanisme, à travers une observation sensible d’un peuple tourné vers le vivant, en connexion totale avec la nature et des paysages à couper le souffle. Elle veut nous faire vivre une expérience physique, une immersion. Mais comment filmer les transes et les visions ? Fabienne Berthaud explique ainsi sa démarche : « J’ai cherché à ce que le spectateur vive une expérience physique, qu’il ressente plutôt qu’il ne voie. Je n’ai jamais cherché à expliquer. C’est peut-être cela le monde invisible… ». Notons que si les esprits sont présents dans Un monde plus grand, il a fallu les interroger afin d’obtenir leur accord. Heureusement lors de cette cérémonie de consultation, ils ont répondu favorablement à la réalisation du film.
Clémentine Guilment