Tous les rêves du monde
LAURENCE FERREIRA BARBOSA - 1H48, 2017
AVEC PAMÉLA RAMOS, ROSA DA COSTA, ANTONIO LIMA, MÉLANIE PEREIRA
Paméla est une jeune portugaise de la deuxième génération née ici, en France. Empêtrée dans ses contradictions, ses échecs et l’amour absolu pour sa famille, elle se sent perdue et paraît incapable d’imaginer comment elle pourrait vivre sa vie… Surtout qu’elle n’aime que jouer du piano et patiner sur la glace. Elle va pourtant trouver son propre chemin entre France et Portugal.
C’est avec un grand bonheur que l’on retrouve Laurence Ferreira Barbosa qui n’avait pas réalisé de films depuis 2008. À partir du principe énoncé dans son premier film selon lequel Les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel, elle décrit le quotidien d’une jeune portugaise de la deuxième génération mal à l’aise en France et au Portugal. Tiraillée entre les traditions familiales pesantes et de fortes envies d’émancipation, Paméla hésite, gamberge, renonce, pour finir par s’enliser dans un surplace qui la laisse terriblement insatisfaite. Mais sous l’influence de Claudia, son amie d’enfance, elle va trouver sa voie, un cheminement chaotique qui saura déjouer tous les clichés et les attendus d’une adolescence coincée entre deux cultures. Paméla aborde le monde avec des envies, elle sait le mettre à distance de manière originale sans effronterie. D’une écriture élégante, Tous les rêves du monde s’épanouit dans la description d’une routine douceâtre composée d’allers-retours ritualisés qui nous font partager l’intimité erratique de cette âme fantasque. Paméla est un peu ronde mais ce n’est pas un sujet. Sa mère est une gardienne des us et coutumes mais sa tendresse sait assouplir la règle. Modeste, la mise en scène se focalise sur les personnages sans jamais en faire trop. Laurence Ferreira Barbosa signe un très beau film, simple et lumineux, offrant au cinéma le visage d’une actrice très prometteuse, Paméla Ramos.
Vincent Thabourey, Positif