Sweet Thing
Alexandre Rockwell – 1h31, États-Unis, 2021
Avec Lana Rockwell, Nico Rockwell, Jabari Watkins
New Bedford, Massachusetts. Billie, jeune adolescente, et son petit frère Nico luttent pour trouver leur place dans une famille dysfonctionnelle. Partagés entre un père alcoolique mais aimant et une mère trop souvent absente, leur vie oscille entre malaise et incompréhensions. Lors d’un été mouvementé, ils rencontrent Malik, jeune garçon en quête de liberté et décident de fuguer avec lui afin de vivre leur propre aventure.
Non seulement le cinéma indépendant américain bouge encore, mais il peut bouleverser par de nouveaux gestes pleins de liberté. Pour preuve, Sweet Thing, d’Alexandre Rockwell, « chose douce », comme son titre l’indique, mais flamboyante dans son magnifique noir et blanc aux reflets de miel. Ceux de la chevelure de Billie, jeune adolescente qui tente de mettre de la joie dans un taudis de New Bedford, Massachusetts. Avec ce film si personnel, et autofinancé, où il met en scène ses propres enfants, sa femme, Karyn Parsons, et son ami Will Patton, Alexandre Rockwell offre une pépite en 16 mm : sa caméra caresse les corps et les visages avec une énergie fervente, communicative. Des séquences vues mille fois ailleurs – drôle de Noël en famille, feux improvisés sur la plage, bavure policière – prennent des contours neufs, le réel le plus douloureux perçant sous la lumière de conte de fées. Soutenu à la fois par les cinéastes Quentin Tarantino et Arnaud Desplechin, Sweet Thing illustre parfaitement le désir de la jeunesse d’arracher sa liberté, et un avenir meilleur, envers et contre les lois d’un monde adulte médiocre et violent.
Guillemette Odicino, Télérama