Rheingold

L’incroyable ascension de Giwar Hajabi, jeune immigré kurdo-iranien, ancien criminel et trafiquant de drogue devenu Xatar, star et légende du rap allemand. 

Au début du XXI^e siècle, Fatih Akin a déboulé en coup de vent dans le cinéma allemand, avec des films portés par un tonus époustouflant et une indifférence réjouissante au « bon goût ». Dans Head-On (2004) ou le splendide De l’autre côté (2007), il a mis en avant la communauté turque et questionné la place de son pays d’origine sur l’échiquier européen. Sans marquer un retour à ses grandes heures d’inspiration, Rheingold propose un moment de cinéma généreux et roboratif. Il est, en Allemagne, le plus grand succès de Fatih Akin. Bardé de couleurs brûlées, scandé de ralentis, d’arrêts sur images et d’effets de montages saccadés, Rheingold est un film à la fois musclé et vintage. Akin parvient néanmoins à séduire le spectateur d’aujourd’hui par un cocktail des genres original, shaker où le film degangsters se mêle à la chronique adolescente et au biopic.
Le titre et l’étonnant épilogue livrent la clé de ce labyrinthe : Rheingold se veut une variation autour de Wagner et du mythe de L’Or du Rhin. Fatih Akin a tenté de sculpter un opéra criminel, un monde de géants, de nymphes et de nains, une quête d’or et d’éternité et enfin une célébration de la musique.
Adrien Gombaud, Les Échos