RÊVE ET SILENCE
1H50, ESPAGNE, 2012
AVEC YOLANDA GALOCHA, ORIOL ROSELLÓ, JAUME TERRADAS
Oriol et Yolanda vivent à Paris avec leurs deux filles. Il est architecte, elle est professeur de lycée. Au cours de vacances au sud de la Catalogne, un accident bouleverse leur existence.
Un pinceau glisse sur la toile. Ébauche d’une fresque à l’aquarelle. Dès ce premier plan (une peinture de Barceló), le film affiche sa différence: le noir et blanc et le grain de la pellicule argentique. Jaime Rosales est un chercheur, un aventurier de la forme cinématographique. Rêve et Silence est la lancinante chronique d’un deuil, déployée en longs plans fixes, creusée d’ellipses mystérieuses. L’expérience, pourtant, n’a rien d’un simple exercice de style. C’est même le contraire, elle brasse des questions cruciales: le vide laissé par la mort accidentelle d’un enfant, la nécessité de continuer à respirer, à se côtoyer pour les survivants. Rosales laisse tout le temps et l’espace nécessaires pour qu’affleurent les émotions. Dans ces plans, composés comme de superbes et mélancoliques photographies, on perçoit les vacillements intimes, secrets. Tout est dans la profondeur: l’horizon d’un champ, d’une plage, ou encore la triste géométrie d’un funérarium creusent une distance pudique et bouleversante avec la douleur.
Cécile Mury, Télérama